Weecast, comment ça marche, et pourquoi il ne faut pas participer

Le principe de weecast est simple: vous proposez un tuto payant sur le logiciel que vous voulez, et si plus de 100.000 personnes l’achètent (cent mille, ça n’est pas une blague) vous avez le droit de toucher 55% de la somme des achats oO’ . Bien sûr, rien de précisé sur le fait qu’il vous faut être un professionnel pour toucher cet argent, ni sur les condition de cession de votre tuto à weecast.

Je ne vais pas m’étendre des heures là dessus tellement l’affaire est énorme, et tellement on est une fois de plus en face de margoulins2.0 (le nom que je donne aux entrepreneurs2.0 qui ne sont bons à “entreprendre” que quand il ne faut rien investir et exploiter une communauté, ceux là se sont même inscrit à la startup academy, c’est dire le level). Je vais juste me contenter de faire une petite simulation, les chiffres parlent toujours mieux d’eux même

Weecast, simulation, quand en ne créant rien on palpe 4 fois plus que l’auteur lui même

Soit un tuto sur indesign que je décide de vendre mettons 10€, de manière non exclusive (1 crédit = 1€ chez eux, mais crédit c’est plus hype). 100 personnes achètent ce tuto.

Je touche donc 1000 crédits. Si on se réfère à leur grille tarifaire sortie tout droit d’un pokedex, ça fait de moi un formateur en coton (<150 vues) et donc ça veut dire que Weecast peut prendre 80% (!!) de commission sur mon travail, en ayant rien foutu. Pour battre wilogo sur les commissions, il fallait être assez balaise, mais visiblement ils ont trouvé leur maitre !! :RESPECT:

donc sur mes 1000 crédits, il m’en reste 200, donc 200€ bruts sur lesquels je devrais payer des charges (mais bien sûr, qui va être déclaré sur ces plateformes ?). En plus, cette activité n’a aucun rapport avec la MDA/L’AGESSA, et donc l’urssaf s’impose, soit 40% de cotisation sociales environ (ou le statut d’auto entrepreneur)

Comme pour wilogo, la somme finale est dérisoire (c’est l’effet Wimachin je suppose, on pourrait presque en faire un théorème). et pendant ce temps, grâce à mon travail, weecast touche 800€ !!! 4 FOIS PLUS QUE MOI, L’AUTEUR DE LA VIDÉO :HALU: !!

Quand je vois ça je me demande qui va être assez débile pour participer au lieu d’héberger soi même son tuto sur son serveur, surtout que poster des vidéos là bas demande de respecter certains critères de qualité. Hélas, je sais qu’ils trouveront toujours des gogos.

donc 200€ pour former 100 personnes. pour info, les tarifs d’une journée de formation indesign débute entre 800€ et 1200€ par jour pour une classe de 10 personnes dans un organisme de formation. Encore une fois, vive l’arnaque.

Heureusement, weecast nous dispense ses conseils plein de sagesse:

Vendez plus pour gagner plus (sic)
Weecast, vous propose un modèle « gagnant-gagnant ». Plus vous vendez, mieux vous êtes noté et plus vous êtes visibles. De plus vos rétributions suivent la croissance de vos ventes. Fixez-vous des défis et rentrez dans le >panthéon des weecasteurs célèbres en franchissant nos différentes étapes.

Il y a quand même quelque chose de sacrément pourri au royaume du win/win, l’expression la plus galvaudée de l’année. “Soit plus fort que tes camarades, et toi aussi tu auras la chance de nous donner de l’argent, alors surtout, participe beaucoup beaucoup, nous on gagne à tous les coups !!”. En fait pour le crowdsourcing il faut comprendre que win/win ça veut dire “on gagne sur tous les tableaux” et non “chacun y gagne)

Au fait, qui est l’éditeur de weecast ? Emob, vous savez, le même blog qui accueillait chaudement le kit de survie du créatif.

Le diktat de la monétisation

Autre reflexion subsidiaire, suite à une phrase que j’ai pu lire chez Éric Dupin (qui présente bien sûr élogieusement weecast comme étant ze playce tou bi):

Si l’idée d’offrir aux internautes une possibilité de monétiser et de mettre en scène leurs talents, connaissances ou compétences n’est pas nouvelle, celle-ci appliquée à la maîtrise de logiciels ouvre des horizons inédits à toutes les petites mains de l’ère numérique, qui pourront ici trouver matière à gagner un peu d’argent de poche en vendant leur savoir-faire.

On ne demande plus un salaire, on monétise. Le salaire c’est has been. On coupe en tranche, on re-découpe les tâches, chacun met la main à la pâte, chacun participe (cf les reflexions intéressantes de Jean Baptiste Soufron lors du débat sur le crowdsourcing). Tout le monde a des miettes. Sauf la plateforme et ses 80% de commission qu’elle touche à chaque fois. Comme au casino; La banque gagne.

C’est génial. “Tout travail mérite salaire” c’est démodé. Monétise, monétise. Monétise ton savoir, ton temps libre, ta grand mère, ta petite sœur. Débrouille toi pour ne plus avoir de compétence générale, mais plein de petites, que tu devra te débrouiller pour monétiser, une à une, au rabais.

Regarde, certaines personnes, des altruistes, t’en offrent l’occasion, “la chance”, de manière totalement désintéressé (à 80% je dirai). Eux sont payés, toi tu monétise. Eux prennent 80% de commission, toi tu te bats avec les autres pour “être le meilleur de la plateforme” (wow).

Aujourd’hui on “offre aux internaute une possibilité de monétiser”, on ne les embauche plus, non, c’est trop compliqué, trop cher. On leur offre une chance, enrobé de chantilly, à eux de prouver que ce sont les meilleurs des meilleurs, nous on ne prend aucun risques. On ne veux plus financer quoique ce soit.

Toujours des “petites mains”. Sauf que les “petites mains de l’ère numérique chères à Dupin sont qualifiées, mais ne sont pas payées. Elles monétisent leur savoir. Au lance pierre. Il serait temps que les gens réfléchissent un peu au lieu de céder au 10€ qu’ils pourront peut être toucher.

Ha, si Zola était toujours là, il en aurait des choses à dire sur les petites mains de l’ère numérique. Sauf qu’avec un peu de chance, il n’écrirait que des articles courts sur knoll… il monétise.