Organisons un concours puisque tout le monde est prêt à bosser pour rien !

Alors attention, remise à niveau avant de commencer: Lafraise n’est plus la petite et sympathique startup française montée par un seul homme à la sueur de son front (un peu) et à celle du front des graphistes (pas mal). Non, c’est de la grosse boite qui à les moyens et qui emploie des gens un peu partout dans le monde : spreadshirt.

Dans le cadre de son développement spreadshirt a acheté la fraise parce que c’était cool, djeunz, et surtout très rentable, avec une communauté toute construite de membres fanatisés sympathiques prêt à travailler pour la gloire sans trop lire les contrat (ni être déclarés non plus).

Et donc, depuis maintenant quelques années, Lafraise fait des partenariats avec Celio pour des “concours” qui n’ont de concours que le nom puisque non déposés chez un huissier comme l’oblige la loi (du moins je n’ai pas trouvé chez quel huissier).

Donc voilà pour le pitch: Celio/Spreadshirt, deux petites boites textile sur la corde raide, qui vendent des tshirt à la sauvette sur un coin de table sur les marché le jeudi matin.

Et donc, Celio a besoin de visuels pour sa nouvelle ligne de tshirts “père et fils”. Mais que vont ils donc faire ? Signer un contrat avec un illustrateur déclaré qui touchera des royalties ? Que nenni !! Et c’est là que la joyeuse tripotée de mouton de panurge fanatisés qui ne panne queudalle à la vie et habituée à se faire enfler bande de sympathique graphistes toujours prêt à rendre service entre en scène.

Mais ouais les gars !! faites des dessins, c’est pour Celio, c’est pour la gloire !! 1 seul de choisi, et pour les royalties, 1500€ pour 2 visus ça parait correct pour un dessin exclusif/multinationale/diffusion europe non ? allez, fais pas ta tute, on ne tire qu’à 30.000ex !!

Hé bien croyez-le ou non mais le concours bat son plein.

mais comment ça se passe dans la vraie vie ?

Certains d’entre vous qui ne sont peut être pas familier avec le métier, les droits d’auteurs et le reste (et c’est ce public que vise de toutes manière les plateformes comme lafraise, ne comprennent peut être pas ce qu’il y a d’aberrant dans ce concours. Avant de continuer at pour avoir les bases, je vous conseille donc d’aller faire un tour sur cette excellente fiche du “kit de survie du créatif” mise à disposition par l’association métiers graphiques.

Attention, innovation

La grosse grosse innovation de ce concours, il faut quand même le signaler, car c’est une première mondiale, c’est que PLUS le visuel sera diffusé sur un grand nombre de supports et MOINS le graphistes touchera de royalties. C’est très très fort. On avait connu les royalties plafonné, maintenant on découvre les royalties dégressifs, il me tarde le moment ou le graphiste devra verser de l’argent si les tshirts sont vendus, on arrête pas le progrès.

Là j’ai l’air de plaisanter, mais mine de rien c’est un remarquable travail de sape envers notre profession, et les graphistes creusent eux-même leur tombe (Lafraise/Celio c’est tellement hype), car demain toutes ces aberrations deviendront l’usage: royalties dégressifs et commission de 80% des intermédiaires. C’est génial !

D’ailleurs, la “présentatrice du concours” Marie du “crew lafraise” explique tout ça mieux que moi, dans un mélange grandiose de stupidité, d’hypocrisie et de “personne ne vous force à y participer”. Éloignez les enfants:

Petit topo.
Oui, il s’agit d’une cession de droit définitive, comme d’habitude.

Le barème est le suivant :
pour 30000 ex. c’est 1500€ par visuel
pour 60000 ex. c’est 2000€ par visuel
pour 100000 ex. c’est 2500€ par visuel
pour 200000 ex. c’est 3000€ par visuel

Alors c’est vrai que les gains sont moins importants que sur laFraise (pardon, mais ça fait plaisir de le dire:) oui, je glousse)

Mais (parce qu’il y a encore un mais), Celio c’est une diffusion dans toute l’Europe, c’est loin d’être mauvais dans un book et c’est quand même une mise en avant des designers (à leurs frais) qui est loin d’être de la nioniotte. Il ne tient qu’à vous de tirer aussi parti des avantages “cachés” (bien qu’à peine) de Celio.

Voici l’étonnante, la fantastique, l’ébouriffante logique de notre amie marie, qui ne rougit pas de nous sortir pareil énormité (remarquez, à voir les commentaires là bas ça marche, elle aurait tort de s’en priver !!) : Puisque Célio c’est une diffusion européenne et non française, les droits sont MOINS élevés que pour une diffusion française. Et c’est pas tout !! comme Celio c’est une grande marque, il est aussi normal que la cession soit MOINS chère. Et pour finir en apothéose de la mauvaise foi, si celio tire 200.000ex (DEUX CENT MILLE !!!!) exemplaires (c’est à dire que le truc fait un gros carton, de la valeur sûre quoi) l’auteur touche 0,015€/tshirt. UN CENTIME BRUT PAR TSHIRT !!!!oO oO oO

  • Question 1: Combien sera vendu ce tshirt, quelle sera la marge nette de célio, et quelle sera la marge de lafraise ? silence radio bien sûr, mais à par un bon gros couillon des familles (et ça à l’air truffé là bas vu la participation) QUI peut accepter de toucher cette somme misérable pour un visuel de grande marque largement diffusé à travers l’Europe ?
  • Question 2: Sans ce visu, à quoi ressemble le tshirt Celio et à combien d’exemplaire il se vendrai ?

Et alors attention, parceque c’est la première fois de ma VIE que je vois des royalties inversement proportionnelles aux vente. Avec ce concours, un auteur à INTÉRÊT À CE QUE SON VISUEL NE SE VENDE PAS L’hallu totale !! :tooh: (en gros si vous êtes vraiment en chien de 1 centime moins les charges, écrivez nous un mail on peut vous dépanner.)

Et évidemment, le petit truc du book, ça fait plaisir et ça ne mange pas de pain. Mais vous pouvez me croire sur parole: personne n’en a rien à battre du gars qui a fait un pauvre visu pour un tshirt celio, ça n’est ni la gloire, ni un argument d’embauche, si tant est qu’on puisse savoir un jour QUI à fait ce visuel.

Si vous faites des belles illus, mettez-les sur papier libre et présentez-les, rien à foutre qu’elles soient sur un tshirt Celio, ça c’est 100% Garanti. C’est juste un argument pour vous faire courir et empocher la (très très) grosse part du gateau.

Big up à marie pour ces arguments saveur paté de faisan retrouvé sous le frigo donc, et bravo à la majorité des gens là bas qui gobent ça tout net (ça en a quand même fait un peu tiquer certains)

Jusqu’au bout

Et le plus beau dans tout ça c’est le titre du concours, d’un cynisme à défriser Bernard Madoff: Concours Celio, tremplin des créateurs.

:GERBE: