En deux mot, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, mais c’est une réflexion rapide faisant suite à un échange sur twitter, et peut-être aurez vous des arguments pour ou contre à m’apporter. Avant de me faire tomber dessus à bras raccourcis, notez que mon père a été intermittent du spectacle toute sa carrière, et qu’une bonne partie de ma famille a déjà touché les “ASSEDICS spectacle”.
Un recours à ce statut un peu trop systématique
Déjà, il y a des abus flagrants des entreprises, par exemple, des amis à moi bossent dans la 3D avec un statut d’intermittent, mon frère était chargé de trouver du public pour les émissions télé en intermittent également, ou la secrétaire de la boite de prod qui bénéficiait de ce statut alors qu’il n’y a aucune raison. C’est une énorme entorse au statut qui permet à l’entreprise de ne pas les recruter en CDI, et à certains salariés de s’en mettre plein les fouilles sur le dos de l’assurance chômage.
Mais faisons abstraction de ces abus, qui ne sont pas le fond du problème, même si ils existent, je suis contre le fait de condamner un système pour les abus qui peuvent être fait (il faudrait que l’inspection du travail aient les moyens de faire son boulot, mais c’est un autre sujet)
Le métier de graphiste
Pour moi, le fond du problème est la définition du métier de graphiste. À mon sens, et je me bats pour ça, notre profession, bien que prenant ses racines dans l’art, n’est pas différente d’autres professions indépendantes, et c’est à ce titre qu’il n’y a aucune raison de facturer moins cher, de ne pas demander d’acompte etc… Il faut que le client comprenne qu’on est pas des “artissss” qui vivons d’air pur et d’eau fraiche, mais bien des prestataires censés résoudre leurs problématiques, même si pour ce faire la composante “art” est indéniable.
Ça dépoétise pas mal l’artiste maudit, mais pour moi c’est le passage obligé pour pouvoir vivre correctement de son métier et changer l’image qu’ont de nos bien des gens (ce qui n’empêche pas d’être un artiste - c’est à dire travailler à son art sans souci de rentabilité - en parallèle).
De l’utilité de bien fixer ses prix
Partant de ce constat, je pense qu’il n’y a pas de raisons d’être traité différemment des autres professions libérales/indépendantes, et de payer nos périodes chômées, surtout que nous ne cotisons pas à l’assurance chômage. Je ne dis pas hein, dans l’absolu ce serait cool, mais à ce moment là pourquoi ne pas l’étendre à toutes les professions indé ? C’est pour cela que je rabâche à longueur de blog qu’il faut bien prendre en compte TOUTES les dépenses quand on fait ses tarifs.
Beaucoup de graphistes et illustrateurs me rient d’abord au nez en trouvant eux même ça “trop cher” et s’empressent de faire des tarifs à leur sauce, mais si on parle de 250€/j minimum, ça n’est pas pour rien. Si quand on fait ses tarifs, on ne calcule que le temps passé du crayon sur la feuille, on est mort.
Les professions artistiques déjà favorisées
On peut comprendre qu’un État veuille soutenir l’art ou des professions ayant une composante artistique, car c’est un élément incontournable et nécessaire dans une société. C’est justement pour cela que le statut d’intermittent existe, et c’est pour cela que des caisses de cotisation spéciales ont été créé pour les auteurs indépendant (la MDA et l’AGESSA). Ces caisses sont déjà une aide aux auteurs, dont ne bénéficient pas les autres professions indépendantes. Les cotisations y sont réduites et les prestations adossées à celles des salariés (Congés maternité, arrêts maladie…) dans le but de favoriser les professions artistiques, et c’est déjà un énorme avantage.
Les outils sont donc présents, et à mon avis, il vaut mieux que les graphistes indépendants fassent des tarifs qui englobent les périodes chômées et les prestations satellites plutôt que de les inclure dans un statut qui brouillerait encore les pistes, contribuerait à stigmatiser encore plus la profession, et surtout donnerait l’impression au client qu’il peut encore plus payer des clopinettes puisque hé, “vous touchez bien le chômage quand vous ne bossez pas”.
Risque de dévaluation du métier et des prix
Plus que jamais, il me semble important que le message soit clair pour les clients : “Nous ne sommes pas une profession indépendante différente d’une autre, nous sommes un prestataire de service au même titre que tes autres fournisseur, alors ne me sort pas tes conneries d’artiste et paye correctement et à l’heure, comme tu le fais pour les autres”.
Ce que je ne veux pas, c’est qu’avec un statut d’intermittent, les clients se mettent à payer les artistes bien en dessous du tarif normal, dévaluent encore plus leur boulot, et n’en connaissent jamais la vraie valeur, parce que c’est l’ami assurance chômage qui paye les risques à leur place. Ça ne donnera rien de bon, il faut que le client comme le graphiste soit responsable.
Les axes d’amélioration
Bien sûr il y a des axes d’amélioration, mais pour moi ils sont plus au niveau du parcours du combattant à la CPAM en tant qu’auteur et de l’arbitraire de la MDA que dans la création ou l’assimilation à un statut qui n’arrangerait pas grand chose au niveau global, et surtout qui n’a pas de raison d’être vis à vis des autres professions indépendantes..
1 De Fromagetapioca - 09/10/2011, 18:36
Juste en passant l'intermittence du spectacle est un régime et non un statut.
2 De Ygwee - 09/10/2011, 18:43
Bonjour,
je suis totalement d'accord avec le fond de cet article et je profite de ce commentaire pour appuyer certaines choses.
Fondamentalement le statut particulier de l'intermittent du spectacle n'a pas pour fonction de protéger des artistes, mais de protéger un secteur d'activité. En soutenant les professionnels du spectacle via un statut très avantageux d'assurance chômage le but n'est pas de récompenser des créateurs mais de soutenir une industrie fragile et au rythme de production sans rapport avec la très grande majorité des autres secteurs d'activité.
Le secteur du spectacle est avant tout celui du théâtre, du spectacle vivant, de la danse, de la musique, du cinéma, et les intermittents sont avant tout des techniciens, des interprètes... pas des artistes. Dans ces secteurs l'activité est telle que bien souvent les professionnels voient leurs activités effectivement rémunératrices concentrées sur certaines périodes de l'année alors que leur travail est lui effectivement fait toute l'année (préparation, montage de spectacle, répétition, planification de tournée). C'est particulièrement le cas pour le théâtre et les domaines du spectacle vivant.
Le but du statut de l'intermittent du spectacle est de protéger le secteur tout entier (travailleur comme entrepreneur ou investisseur) en permettant à ses acteurs de toucher une rémunération régulière malgré l'irrégularité et la difficulté de le profession.
Il n'est donc jamais question de protéger des artistes pour qu'ils puissent créer (Pour cela il existe des régimes spécifiques aux auteurs. Régimes qui sont différents mais très intéressants eux aussi dont il est souvent question sur ce blog) mais de préserver un secteur d'activité qui risquerait sinon de s'essouffler et d'être en danger.
Le régime de l'intermittent du spectacle n'aurait jamais du se généraliser comme il a pu l'être ces dernières décennies car bien souvent il n'a fait que servir les intérêts d'industries qui n'ont pas besoin de protection. Les producteurs de télévision, les parcs d'attractions, les éditeurs de DVD, les grandes salles de spectacles "industriels" n'ont rien à voir avec les secteurs professionnels que le statut d'intermittent est supposé soutenir. Le statut est aujourd'hui un excellent moyen pour des employeurs malhonnêtes de précariser des employés permanents qui pour certains travaillent durant des années au même poste, ce à des horaires de bureaux classiques, et dont le contrat de travail devrait être un contrat de travail classique rémunéré de manière classique. L'industrie de la télévision abuse d'un système très pratique et économique qui ne lui est pas destiné en principe. (d'où le déficit de la caisse des intermittents)
Pour en revenir aux métiers de graphiste, il est bien évident que ceux dont l'activité est de vendre un service, une prestation à des clients, n'ont pas une activité qui mérite la protection particulière qui est accordée à l'intermittent du spectacle. Le métier de graphiste ne suppose pas de travailler plus de la moitié de l'année sans toucher de salaire. Le métier de graphiste n'est pas différent dans son rythme et ses usages des métiers de consultants, ou d'autres prestataires indépendants. Le graphiste est susceptible de vendre des prestations toute l'année.
Et en ce qui concerne le créateur qui ne vend pas de prestation mais cherche à vivre de ses créations, il n'a de toute manière rien à voir avec un intermittent du spectacle qui est avant tout un salarié.
3 De yamo - 10/10/2011, 00:48
Comme on dit, +1.
Les graphistes, dont je suis, n'ont dans leur écrasante majorité absolument RIEN à faire au sein du régime des intermittents du spectacle, déjà largement victime d'un dévoiement généralisé de sa mission.
C'est un point-de-vue que je défends du reste depuis des années, pour toutes les raisons parfaitement expliquées par Ygwee, et qui m'a valu pas mal de réactions agressives de la part de quelques rares personnes très mal orientées confondant à la base travail indépendant et travail intermittent, et qui poussent sans vraiment le savoir, chacune à leur niveau, à la mort inexorable de ce régime dont les raisons d'être se diluent de plus en plus dans l'abus.
Je le regrette d'ailleurs, car il soutient effectivement un certain nombre de professionnels le méritant vraiment... Mais en même temps, j'ai envie de dire que c'est au régime lui-même (et à l'administration qui le gère), de se décider à faire enfin le ménage parmi ses ouailles. Un peu comme la MDA qui, dans certaines proportions, surveille et contrôle un minimum l'activité de ses cotisants... assez en tout cas pour ne pas être en déficit ni sur la sellette...
Pour être franc je n'a jamais réussi à comprendre COMMENT on avait pu laisser le régime des intermittents devenir un tel foutoir sans jamais réagir.
Ceux qui me connaissent savent que je suis le premier à défendre activement la condition des graphistes, leur statut d'auteurs, leurs conditions de travail, leurs régimes sociaux... Et c'est justement dans cette optique que je suis désolé de dire à ceux d'entre nous qui travaillent en tant qu'intermittents qu'ils abusent (ou, dans certains cas, subissent) complètement un système qui ne leur est en rien destiné, et tirent contre leur propre camp comme l'explique très bien cet article.
En tout état de cause, il existe d'autres régimes et statuts bien plus adaptés ailleurs, selon la topologie exacte de leur activité.
4 De yamo - 10/10/2011, 09:50
Juste un bémol par rapport à l'article par contre : les graphistes, du moins ceux qui travaillent dans la créa, ne sont PAS des "prestataires de services comme les autres"... Ce sont des AUTEURS.
Pour ceux qui travaillent sous le statut MDA, il est même carrément interdit de vendre de la presta de services.
Donc attention à ne pas tomber dans l'excès inverse : Non, les graphistes ne sont pas des artistes, c'est clair (ne pas se laisser tromper par le nom de leur caisse de perception, qui vient de loin). Leur profession, issue des cellules commerciales des premiers annonceurs - même si on cherche souvent à le faire oublier - relève des arts appliqués, ce qui est très différent dans la finalité et les pratiques que ça implique.
Mais la composante culturelle indéniable de leur profession en fait autre chose que des prestataires, à savoir donc des auteurs, participant à leur façon à la vie culturelle du pays, et bénéficiant de facto des droits afférents à ce statut.
Des droits qu'il convient d'affirmer et de défendre.
Donc en quelques mot : Artisss non, auteurs oui.
Pour ceux qui ne savent pas faire la différence... je recommande la lecture du CPI.
5 De Goulven - 10/10/2011, 10:15
En 2006, déjà ...
http://forum.kob-one.com/topic22761...
6 De roinigo - 10/05/2012, 12:39
Bonjour,
Je ne suis, pour ma part, pas tout à fait d'accord avec vous...
La qualité ou non d'"artiste" du graphiste n'a rien à voir avec le fait d'être intermittent ou pas... Un machino ou un régisseur sur un film ou un spectacle n'est pas un "artiste" non plus : faut-il pour autant lui refuser le statut d'intermittent...?
Que ce statut soit utilisé par des boites de prod (télé essentiellement) de façon malhonnête, ça c'est vrai. Je connais un mec qui bonne à plein temps dans une boite et qui est payé...par les ASSEDICS, parce que intermittent. Ca, c'est honteux. De même, certains chauffeurs, voire même femme de ménages, à la télé, sont déclarés comme intermittents ! Là, oui, c'est honteux...
Par contre, je ne vois pas pourquoi un graphiste vidéo (c'est mon cas ;)) ne profiterait pas du statut d'intermittent de la même manière qu'un cadreur ou un chef op...
7 De lalyl - 27/05/2012, 12:04
à ce soir SEB pour faire la fete avec MOUNY ,maman ,Phttp://www.mariejulien.com/themes/l...
NINI ET TOUS LES AMIS
BIS
EVELYNE :COEUR:
8 De hyperlink - 01/10/2014, 11:11
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