Un court billet suite à la conférence Paris Web (la conférence web de qualitay), où il a été pas mal discuté de la lassitude de “toujours voir les même têtes”.
Je suis d’accord avec ce constat.
C’est un reproche que je fais moi même à cette conférence (et surement à d’autres) : non seulement on voit un peu toujours les mêmes têtes mais en plus année après année on a l’impression que les mêmes têtes font de moins en moins d’efforts, en présentant un peu partout “le sujet de conf viteuf taillé sur mesure qui va me faire accepter dans l’événement, avec le petit titre qui va bien et qui brosse le public et le staff dans le sens du poil”. S’ensuit souvent une conf générique enchaînant les platitudes qui n’apprend pas grand chose.
Pour ce qui est de Paris web, le staff fait un gros travail de notation, de sélection et d’équilibrage des confs en amont pour éviter ce phénomène, et également répartir les prises de paroles pour éviter par exemple d’avoir une écrasante majorité d’orateurs masculins.
Et malgré ça on voit toujours les mêmes têtes.
Et si la solution ne reposait pas que sur le staff et qu’il fallait tout simplement d’un peu lâcher sa place, en ne proposant rien et en faisant une croix sur sa promo perso par le biais des conférences pendant une année ou deux, pour laisser aux publics moins représentés (qui sont tout aussi experts que vous) une plus grande chance de pouvoir s’exprimer et présenter leurs vues ?
Si vous déplorez que ce soient toujours les mêmes qui font des confs, ou que par exemple vous aimeriez qu’il y ait plus de femmes qui s’expriment au sujet du web, peut-être pouvons-nous commencer par leur laisser un peu plus de champ en ne présentant pas de sujet une année ?
Oui, ce sera surement une perte intolérable pour l’auditoire, oui, “le monde doit savoir”, oui, nous sommes THE experts de notre domaine, oui, nous sommes devenu les boss incontestables de Paris Web, Blend, ou autre, oui, tout le monde nous connait et c’est super, oui nous savons nous placer parfaitement sur la trajectoire du traiteur qui apporte les plats chauds avant de les poser sur les tables du buffet, mais peut être que UNE année nous pouvons juste passer notre tour et écouter les autres.
Je m’y suis employé les 2 dernières années, ça a été dur, mais je suis toujours vivant.
1 De Raphaël Y. - 03/10/2016, 17:00
Non, ce n'est pas possible pour moi.
https://vimeo.com/album/3981563/vid...
2 De Le hasard - 03/10/2016, 17:09
Perso je me dis que les gens qui sont habitués à présenter des sujets, au lieu de proposer encore un truc, ils devraient plutôt mettre leur énergie à motiver des gens qu'ils connaissent qui le font pas mais dont ils savent qu'ils auraient des trucs à dire ?
Laisser la place c'est pas forcément suffisant, faut aussi encourager les gens qui osent pas.
(Et oui je sais qu'il y en a qui le font déjà.)
3 De Marie-Cécile - 03/10/2016, 17:40
@le hasard : manifestement, il n'y en a pas assez
4 De JulienW - 03/10/2016, 18:32
Du coup, j'ai du mal à comprendre si tu exprimes ce constat aussi pour Paris-Web.
Quand je regarde notre liste d'orateurs, j'ai quand même sacrément l'impression qu'il y a certes quelques têtes connues (et encore, beaucoup d'entre eux n'étaient pas là dans les années précédentes: par exemple glazou, amélie boucher, élie, Alain Vagner, Frank Taillandier) mais aussi beaucoup beaucoup de gens qu'on n'avait jamais vus à PW.
Alors, est-ce que ce n'est encore pas assez ? Est-ce que le problème c'est qu'on voit certains orateurs ailleurs en plus de PW ? Ou bien qu'on les connait parce qu'ils viennent tous les ans et que cette année ils sont orateurs pour la première fois ?
J'essaie juste de comprendre.
5 De Julien - 03/10/2016, 19:19
@JulienW : je parle de PW parce que j'y étais avant hier, et que c'est la conf que je fréquente le plus, mais on peut mettre Blend et FLUPA dans le lot. Ça n'est pas un problème en soi mais j'ai entendu des habitués se plaindre qu'on voyait toujours les mêmes têtes… tout en ayant fait 12 propositions. Je dis juste que si on veut que ça change un peu, ça n'est pas qu'à l'orga de filtrer, il faut aussi savoir se refréner.
6 De Mat - 03/10/2016, 19:40
+1000. Je me plains de la même chose, et j'applique la même solution depuis ~ 2 ans : non seulement je ne propose plus rien mais j'essaye de motiver des gens qu'on a pas ou peu vu, voire je leur refile carrément des idées.
Il y avait du mieux à Paris-Web cette année, du moins c'est mon l'impression; il faut continuer sur cette voie AMHA.
Julien, le fait que tu dises "beaucoup n'étaient pas là dans les années précédentes" tout en citant des gens qu'on a vu 6 à 10 fois en 11 Paris-Web, montre qu'il ya encore du progrès à faire
7 De baptiste REY - 03/10/2016, 21:31
Cest bien pour cela que je ne vais plus perdre mon temps ds les spedo conf vendeuses de soupe. Le truck' c'est de discuter au bar pendant que les autres écoutent la mess
8 De JulienW - 03/10/2016, 23:28
Mouais. Je crois qu'on peut ménager le chèvre et le chou (si vous me passez l'expression). Je ne crois pas que pour avoir de l'inclusion de nouveaux il faille nécessairement se passer de l'expertise d'Élie, de Glazou, d'Amélie et d'autres. La question est d'arriver à un équilibre. Je crois que cette année on avait justement cet équilibre.
Reste à améliorer la diversité même si elle progresse.
9 De Nico - 04/10/2016, 10:01
Perso, je n'ai encore jamais eu la chance d'assister à Blend, ni Flupa, ni Web2day, ni DotCSS, etc. etc. (y en a un pacson maintenant !), donc j'ai moins cette sensation.
N'oubliez pas que vous avez de la chance de pouvoir assister à plusieurs confs à l'année (je suis TRÈS content si j'en vois 2 ou 3 à l'année), et encore plus de chances de parler à plusieurs.
Remarque, ce serait intéressant de faire tourner un sondage chez les orateurs/trices, histoire de voir le public type (sur des données objectives, mettons sur 1/2/5 ans). Je pense que les résultats seraient instructifs (et on éviterait le débat piégeux de « j'ai la sensation de ») => vivent les données objectives.
Typiquement : je sais qu'Amélie Boucher est très réputée, et pourtant, c'est la première fois que j'assiste à une de ses présentations cette année (pas eu l'occasion avant). Idem pour Denis Boudreau (que j'ai vu en tête de liste chez les orateurs à PW), je ne l'ai vu que 2 fois en 6 ans. Même si je vois que Raphaël Goetter a présenté plusieurs fois cette année, je n'ai eu l'occasion de le voir qu'une seule fois, etc.
Je pense qu'il faudrait aussi inciter les gens refusés à publier ou à retenter ailleurs, afin que de nouveaux noms continuent à émerger. J'ai ouï dire que le staff de PW avait reçu énormément de « très lourd » côté sujets, c'est dommage que ces sujets ne sortent pas ailleurs.
10 De mageekguy - 04/10/2016, 10:48
J'évolue dans l'univers PHP, et j'ai exactement la même sensation :
Le repas des conférenciers est devenu le lieu de rencontre d'un noyau dur autour duquel se greffe plus ou moins facilement de nouvelles têtes régulièrement.
En trouver les raisons n'est pas si simple qu'il pourrait le sembler.
Entre les têtes d'affiche qui vont vendre malgré parfois un fond "léger" , les propositions qui ne sont pas dans les thématiques à la mode, ou bien alors trop à la mode, et ceux qui n'osent pas se lancer, parvenir à concevoir un programme est sans nul doute très difficile.
J'essaye d'aider, à ma façon, en militant beaucoup durant les événements et dans mon entreprise pour que les gens fassent des propositions de conférence.
Mais 100% du temps, la première réaction est "mais t'es dingue, j'ai pas le niveau, j'ai rien à dire, je suis une sous-merde dans le grand ordre technologique par rapport à des gens comme toi".
Et malgré beaucoup de pédagogie pour expliquer si j'ai une certaine expérience dans certain domaine, je suis aussi une grosse buse cosmique dans beaucoup d'autres et que nous avons tous un truc intéressant à raconter et à apprendre, assez peu ose finalement franchir le pas (2%, je dirais, vu d'avion et avec beaucoup d'optimisme).
Ce qui ne m'empêche pas de soumettre systématiquement, parce que j'ai la prétention (la vanité ?) de penser que ce que je sais à suffisamment de valeur pour être partager.
Et aucune de mes propositions n'ont été retenues en 2013/2014, et je l'ai bien vécu, notamment parce que je me suis dis qu'il fallait laisser la place à d'autre.
Actuellement, je propose des conférences "disruptives", à côté de la plaque de la thématique de l'événement ou en dehors des sentiers battus, pour garder de la pertinence et être moins "trendy", pour que d'autres propositions aient plus de chance de passer, et également parce que je pense que ma valeur, autrefois purement technique, s'est aujourd'hui déplacée.
Et l'une de mes propositions a justement pour but d'encourager à proposer des conférences, parce que je trouvais ça fun de faire une conférence pour encourager les autres à en faire, et parce que ce sujet me tient à cœur.
Se mettre en retrait est une stratégie qui peut s'avérer payante, mais l'expérience m'a montré que sans moteur, on avance pas, ou alors très lentement grâce à l'inertie ou à la pente. Et se mettre en retrait, c'est ne plus pouvoir faire le moteur.
Si nous, conférencier "expert" (notez les guillemets !), n'agissons pas activement, je pense que nous ne ferons pas bouger les choses.
Préparons des ateliers pour aider ceux qui veulent se lancer, organisons un cycle de conférence "one shot" ou tout le monde saura que tout ceux qui seront sur scène seront forcément des gens qui n'auront jamais donné de conférence auparavant, évangélisons durant les événements pour encourager les conférences aux CFP, mais ne restons pas passif.
Ça serait à mes yeux du gâchis.
My 2 cents, en toute amitié et avec tout mon respect pour vous qui avez eu le courage de passer de l'autre côté du miroir pour partager.