Par le plus grand des hasards, une table ronde “design et open source” était organisée dans le hackerspace “le Reset” quelques jours après mon billet sur le sujet. La discussion s’est ensuite poursuivie de manière plus informelle dans un bar.
Comme le sujet a pas mal intéressé et que j’ai eu des demandes, voici un rapide compte rendu (table ronde + bar ensuite) qui sera complété peu à peu selon mes souvenirs (ouais j’ai pas pris de note et alors kestuvafaire ?).
D’autres personnes ont fait les choses sérieusement et ont prévu un vrai compte rendu, je le mettrai en lien dès qu’ils seront disponibles.
Liste des présents (à compléter)
- Romy Têtue
- @naotib
- My Lê
- @Hypsoline_
- Marc Jeanmougin
- Juliette Belin
- @christalib_
- @joachimesque
- Olivier Bergère
- Raphael Bastide
- Baptiste Roullin
Note : dans le compte-rendu ci dessous, j’utilise le “nous” qui ne reflète pas forcément une unanimité de point de vue des personnes listées ci-dessus. Également, certaines réflexions ont été exprimées après la table ronde, en petit groupe.
Les designers parlent aux designers
Première constatation : les designers étaient au rendez-vous, mais hélas pas les développeurs. Marc Jeanmougin, un contributeur de Inkscape a fait le déplacement, et je le remercie pour ça, la discussion a bien été enrichie par son point de vue.
Forcément, tous les designers présents partageaient le constat initial, il n’y a donc pas eu trop de débat sur ce point. Pour autant, nous n’avons pas tourné en rond car nous avons pu mettre notre expérience en commun et essayer d’identifier les points de blocages plus facilement, avant d’envisager quelques solutions.
Encore beaucoup d’UX
À mon grand regret, nous avons beaucoup parlé d’UX et toute la partie identité/branding a été laissée de coté. Pour moi ça n’est qu’un des aspects du design, et même si c’est intéressant le débat va toujours s’enliser sur des questions de bouton ou d’interface de tel ou tel logiciel, alors que ça ne représente qu’une partie (même si importante) du problème global.
Comme je le disais dans mon billet précédent, je pense qu’on est à un stade où à part quelques irréductibles, on est quand même arrivé à un consensus sur le fait qu’une bonne ergonomie est incontournable et mesurable, et on pourrait pousser maintenant la nécessité d’une identité.
Une certaine impuissance devant un défi actuel
Si tous les présents voulaient contribuer au libre, c’est entre autre car ce mode de diffusion nous est cher, et qu’il nous semblait que dans un contexte actuel ou les entreprises privées prennent de plus en plus l’ascendant sur l’utilisateur, couplé à l’émergence de régimes totalitaires dans des démocraties jusque là épargnées, il est donc plus que jamais nécessaire que les utilisateurs s’approprient ces logiciels à la philosophie ouverte et avantageuse pour eux.
Or, nous sommes convaincus que l’adoption massive de ces outils passe par la facilité d’utilisation et la communication par rapport aux mastodontes privés qui les concurrencent. L’impuissance à faire reconnaître ce point de vue par la communauté libre génère une certaine frustration.
L’argent n’est pas le seul facteur en cause, et il nous semble que la communauté libre est armée pour une large diffusion (comme c’est le cas dans l’infrastructure d’internet par exemple).
Une histoire de compétences
Nous partageons majoritairement le constat de la négation de la compétence du designer dans le libre. Quel que soit notre degré de compétence ou notre expérience, le design est encore beaucoup vu comme un à-coté, et peut être discuté et disqualifié par n’importe qui et n’importe comment.
Il était d’ailleurs impressionnant de voir le niveau des designers présents dans des métiers qui n’étaient pas les leurs, pour justement pouvoir contribuer au logiciel libre et parler aux développeurs. Quasiment tous les designers présents savaient se servir des outils de développement, coder un minimum, intégrer en html/css… À leur niveau bien sûr, mais qui était déjà bien supérieur à une simple sensibilisation.
On aurait tous aimé que les développeurs aient des compétences équivalentes en design.
Remise en cause de la méritocratie dans le libre
Il a été évoqué le fait que la “méritocratie” qui régit les contributions libres était fortement biaisée en faveur des développeurs, car ce sont les développeurs qui in fine décident d’intégrer (en la codant) ou non une contribution de designer. En plus de leur travail, et indépendamment de sa qualité, les designers doivent donc toujours faire le double du boulot en faisant non seulement le design, mais en plus en devant convaincre des personnes dont ça n’est pas le métier de la pertinence de leur proposition, personnes qui auront de fait droit de vie ou de mort sur le patch, quel que soit leur niveau en design.
Nous avons bien sûr évoqué le surplus de pédagogie requis pour faire accepter nos modifications, mais c’est bien au delà de la pédagogie. Certains participants ont fait état de patch design moisissant depuis plus de 5 ans dans des repos, aucun dev ne voulant se donner la peine de les valider ou de les coder, et ce indépendamment des éléments objectifs apportés pour implémenter cette amélioration (études utilisateurs – qui ne conviennent jamais, prototypes – qui ne sont jamais assez codés même s’ils sont fonctionnels, visuels – qui ne sont jamais assez bons ou ne “font pas l’unanimité”).
Bref la croyance qu’un projet n’est rien sans développeur mais passe très bien sans designer est encore bien ancrée.
Déséquilibre des forces
Historiquement initié par des développeurs, les projets open source n’intègrent de fait pas de designers à même de juger les contributions design. Pourtant, de plus en plus de projets open source sont initié par des créatifs (comme la fonderie Velvetyne par exemple), ou orienté sur la création, peut être que ce phénomène va donc s’équilibrer. Il a été évoqué le fait de créer et concevoir des projets, puis de payer des développeurs pour les rendre fonctionnel, pour ensuite libérer le tout.
Une nécessité de pédagogie
Le sujet a été souvent remis sur la table, cette nécessité d’expliquer notre métier sans cesse pour le faire accepter. Le constat est que nous le faisions tous à notre échelle (une créa ne se faisant jamais sans démarche et justification de toute manière), avec des participants qui allaient très loin dans la pédagogie, avec exposition de leur travail au fil de sa réalisation par exemple.
Personnellement, je trouve que la pédagogie est absolument nécessaire, mais qu’il y a un moment où on bascule complètement dans la formation et que ça vient manger tout le temps imparti pour faire un travail donné. Imaginez un designer campé dans le dos d’un développeur, qui poserait des questions simples et ferait des remarques non-éduquées toutes les 15 minutes, même avec toute la pédagogie du monde, à un moment le développeur va devoir se concentrer sur son travail et avancer. C’est la même chose pour les designers. Si nous devons former complètement les gens avec qui nous travaillons, ce serait en dehors de la production, en cours séparés.
Une question d’outils
Il est ressorti des discussions suite à mon billet original que certains libristes voulaient que les contributions apportées à un logiciel libre soient réalisées à l’aide d’un logiciel libre, ce qui est assez problématique en l’absence d’outils graphique de niveau professionnels libres (en plus de la question de l’habitude, il manque des fonctionnalités incontournables).
le non design n’est pas neutre
Nous avons également constaté que beaucoup de projets libres pensent que si le projet n’est pas designé, il va être perçu comme “neutre”, ou “sans design” sans réaliser que toute image présentée au public génère un ressenti, et que dans le cas de quelque chose “non-designé”, cette image peut être négative. Le manque de captures d’écran sur les sites des projets libres a été mis en avant, soulignant que la fonctionnalité prime, sans réaliser que le design est également une fonctionnalité.
Forker comme si demain n’existait pas
La solution du Fork a été évoquée (forker = reprendre le logiciel existant et en faire un projet parallèle, une pratique courante dans le libre), mais ça n’est pas une piste privilégiée , l’idée étant de ne pas faire un truc chacun dans son coin, mais d’aider et de faire avancer les projets qu’on aime bien. Cependant il semble que parfois ce soit la seule solution valable pour avancer sur certains points : installer une identité et une ergonomie, voir si celle-ci est adoptée, et si c’est le cas, que ce fork soit réintégré à l’original.
Conclusion
Une discussion à suivre donc, je pense que malgré la réticence de certains, de plus en plus d’acteurs du libre sont convaincu de la nécessité d’inclure des designers dans leurs projets (comme finalement dans tous les autres secteurs qui nous entourent), reste à gommer les principaux obstacles pour que les designers puissent apporter leur expertise.
1 De Naotib - 13/02/2017, 15:19
Merci Julien pour ce compte-rendu !
Comme évoqué hier il me semble que le problème fondamental est celui de de la gouvernance des projets, les développeurs disposant du pouvoir inhérent au fait qu'il s'agisse de projets logiciels. Outre le fork, solution un peu trop radicale car court-circuitant le développeur, une des pistes discutée est l'établissement d'une charte de collaboration entre les différents intervenants sur le projet, le développeur, le designer, l'UX ou le chef de projet (qui manque souvent mais me semble nécessaire), devant respecter le domaine de connaissance de chacun.
Reste à voir comment intégrer une telle charte aux licences open source, et là je n'ai aucune connaissance sur le sujet
2 De nchevobbe - 13/02/2017, 15:48
Intéressant cette idée de charte. Je sais que certains projets sur Github ont des codes de conduite (par exemple rust : https://www.rust-lang.org/fr/conduc... ), et donc pourquoi ne pas y intégrer des notions pour le respect du travail des designers. Après pour qu'une telle chose soit mise en place, il faut déjà en premier lieu que les mainteneurs du projet soit sensible à cette problématique, ce qui m'a l'air d'être souvent un point bloquant.
3 De Nannig - 13/02/2017, 16:01
Merci pour l'ensemble des réflexions/échanges sur le sujet.
Je ne suis pas développeur (même si je sais/j'ai su faire), pas designer mais utilisateurs quotidien et informaticien néanmoins.
J'ai donc très tôt, au cours de mes études, été sensibilisé au libre et j'ai installé plusieurs distro Linux sur mes PC ou pour le boulot, testé des trucs, etc.
Flashforward de 15 ans : mon PC est sous Windows 10, mon téléphone aussi (là y'aurait d'autres choses à dire mais ce n'est pas le sujet), et je ne regarde qu'extrêmement rarement si une solution libre existe pour remplacer mon logiciel/service propriétaire. Pourquoi? Pour toutes les raisons que tu listes.
Je suis convaincu du bien fondé du libre, de son principe même. Mais tout ce que j'ai pu utiliser de libre soit a commencé par me dégoûter (et donc comme M. ToutLeMonde je vais voir ailleurs), soit à fini par le faire (et donc je suis retourné à mes habitudes). Bon le "tout" est exagéré mais la grande majorité.
Si de base c'est moche les gens ne vont pas plus loin, si à l'usage faut réfléchir, les gens ne vont pas plus loin. Bref si c'est pas déjà réfléchi et conçu pour être simple/adapté les gens ne font pas l'effort de s'y pencher... si l'alternative existe bien entendu.
Alors oui c'est con. Oui c'est bête de juger un livre à sa couverture, oui c'est bête de dire qu'une BD est nulle parce qu'on n'aime pas le dessin alors que le propos et la narrations sont des chefs d'oeuvre, etc. Oui il "suffirait" de s'y pencher pour voir que. Mais on ne le fait pas, moi le premier.
Et si on le fait la récompense n'est tellement pas si souvent au bout qu'on a de moins en moins envie de s'y pencher.
Et je parle de moi qui est capable de faire un grep avec expression régulière alors l'utilisateur lambda... (et oui pour faire un recherche/remplace de chaîne dans un fichier texte c'est ultra top mais justement ce n'est pas le propos, ce n'est pas orienté utilisateur lambda).
Et au delà de la capacité de s'y pencher, l’extrémisme d'une frange de la population libriste n'incite pas M. ToutLeMonde à s'y pencher. La notion d'outils libre pour faire du libre par exemple m'a fait penser aux gens qui reprochent à ceux qui se tournent vers le végétarianisme de mettre des chaussures en cuir : il est possible de faire par étape et en fonction de ses moyens, le monde ne doit pas être binaire. C'est certes une minorité mais très vocale et très visible, tout le monde n'a pas forcément la capacité ou la patience pour passer outre ce premier accueil.
PS : quand j'ai voulu refaire mon site PHP/MySQL en CMS pour me former à l'air du temps (et faciliter sa modif par des acteurs extérieurs non info) j'ai vu SPIP et le look ne m'a pas incité à poursuivre malgré les belles promesses du CMS (j'ai fouillé, je ne suis pas juste resté 5min). Mon site est maintenant sous WordPress qui avait une approche incitante et des tas de thèmes dans lesquels j'ai pu trouver mon bonheur (en les adaptant).
4 De foxmask - 13/02/2017, 16:27
Bonjour,
je suis depuis le début les échanges qui ont eu lieu sur les 2 billets et ai même tenu la jambe @tetue 2h sur irc sur le sujet, pour comprendre, creuser...
Du coup j'aurai une simple question :
Si vous ne croisez que des développeurs "arriérés mentaux", pourquoi dépenser autant d'énergie à les convaincre à coup de billets/tweets/tables rondes, et ne pas vous concentrez sur les autres qui reconnaissent parfaitement la valeur votre métier ?
5 De nico - 13/02/2017, 19:41
Donc, en gros, tout est de la faute des dévs, aucune erreur n'a jamais été faite par un designers.
Désolé, mais des patchs qui trainent depuis 5 ans, il en existe plein.
Un des problèmes est bel et bien le fait que certains designers ont de GROS préjugés et qu'ils analysent la situation comme ça.
Dans le billet précédent, les incohérences ont été levées (par ex l'exemple de spip qui devait démontrer que les dévs sont méchants avec les designers. Pas de bol, non seulement la discussion en question est totalement banale et arrive régulièrement entre dévs, mais en plus parmi les méchants dévs se trouvaient. .. Des designers. Preuve que c'est bien par préjugés que la situation a été lue) et ont totallement été ignorées.
C'est d'autant plus frustrant que j'espèrais voir une discussion constructive entre adulte. A priori, j'étais dans le camp des designers, mais force est de constater que certains d'entre eux ne veulent pas envisager qu'ils puissent être victime de biais bien naturels. Désolé du ton, il est à la mesure du gachis.
6 De Julien - 13/02/2017, 20:39
@Nico : l'exemple de SPIP reste pertinent, car les commentaires sur le design ne l'étaient pas, et également faits par des devs. Le fait que ce genre de discussions soient banales et justement le problème.
Ensuite c'est peut-être pas la peine de faire le petit numéro de je-suis-blessé-dommage-jétais-presque-convaincu parce que si tu trouves que 2 billets, une discussion suivie pendant une centaines de commentaires et une table ronde ne sont pas "des discussions constructives entre adultes" et que tu balaies ça avec un petit commentaire, je ne vois pas trop ce que je peux faire pour toi.
7 De Jojo - 13/02/2017, 21:22
Je vais dire un truc pas très politiquement correct (et je me permet d'autant plus que je ne suis pas designer). Mais peut-être qu'en plus du problème du manque de designer dans le libre se pose le problème du manque de BONS designers.
Il y a beaucoup de mauvais exemples et d'anecdotes racontées par des devs qui s'expliquent simplement parceque beaucoup de designers bossant sur du libre n'ont pas forcément beaucoup d'expérience. Du coup ces designers là bien que de bonne volonté peuvent aussi dire de grosses conneries et ne pas connaitre certaines notions essentielles en design.
Donc on peut excuser un peu les quelques devs qui ont sorti que les designers ne servent qu'à mettre quelques effets photoshop à la fin pour faire joli car il y a des designers débutant qui ne conçoivent pas eux-même leur boulot autrement.
Accessoirement, les devs chapeautant les projets n'ont pas toujours la culture graphique suffisante pour faire la différence entre un designer newbie qui peut faire les petits effets Photoshop sympas et un designer qui a 15 ans d'XP derrière lui à gérer toutes sortes de problématiques qui vont un peu plus loin que ça, à savoir penser une stratégie de com, accessibilité, contraintes d'impression, cohérence d'ensemble, et j'en passe.
8 De Julien - 13/02/2017, 22:37
@Jojo : ça me va très bien comme explication, ça peut effectivement être un facteur objectif de rejet, et j'y pensais justement.
Comme tu dis, qui dit manque de culture design dit problème pour sélectionner ses partenaires, on ne peut pas blâmer les développeurs pour ça.
Je n'ai hélas pas de réponse à cette problématique bien réelle, à part de bien comparer avant de s'associer à un designer, de regarder s'il a fait des projets équivalents etc (et de regarder son expérience, qui parlera quand même)
9 De Pierre - 14/02/2017, 05:14
Salut !
J’ai lu ces deux articles avec attention car je trouve le sujet très intéressant.
Question : comment trouver des designers qui sont intéressés par le libre ? Pour trouver des développeurs libristes, il suffit d’aller faire un tour sur Github. Où va-t-on à la chasse aux designers libristes ?
10 De Jojo - 14/02/2017, 08:02
@Pierre Sur Behance. Y a pas beaucoup de designers qui connaissent bien le libre, donc autant prendre les designers là où ils sont !
Juste, faut les intéresser au projet. Et éviter l’argument “ça te fera de la pub” mais plutôt montrer en quoi le projet est intéressant.
11 De nico - 14/02/2017, 11:32
@ Julien: l’exemple de spip est banal car il arrive tout le temps LORSQU’ON PARLE DE CODE.
Le problème ici, c’est que:
1) sous pretexte qu’il y a eu 3-4 mauvais commentaires, tu en tires la conclusion que la décision a été mal prise à cause de ça, alors que des designers faisaient partie de la discussion.
2) tu prétends que les dévs appliquent une politique différentes avec les designers et avec les dévs. C’est faux: essaie de faire adopter une nouvelle fonctionnalité, tu verras que tu vas devoir être confronté à autant de commentaires à côté de la plaque et que tu vas devoir refaire ça à chaque fois.
Regarde ce qui se passe sur linuxfr sur le billet sur le sujet: ils se disputent maintenant sur la gestion des codes de retour et des variables d’environnement (avec, dans cette discussion, plusieurs qui parlent sans savoir).
Pour me prouver que c’est une discussion constructive, ce n’est pas dur: montre moi dans ces discussions UN truc qui est de la faute des designers (autre que: c’est de notre faute, on aurait du savoir que les dévs sont des idiots).
Une discussion où les torts sont tous dans un seul camp, c’est toujours une discussion non-constructive, surtout si certains intervenants avaient lancé le sujet, de manière hyper-diplomatique, mais qu’on a snobé leur commentaire avec une brève réponse de 2 lignes évitant le sujet.
Je m’en fous de comment tu prends mon commentaire, soit tu le prends en adulte, en considérant que parmi les conneries que je dis (et j’en dis surement), il y a un fond de vérité, soit tu le prends en enfant en le tournant en dérision. Par contre, assume les conséquences et ne vient pas dire que si on te trouve biaisé, ce n’est pas sur base de tes actions réelles.
(Je m’excuse du ton, mais de toutes évidences, ceux qui ont tenté une approche plus calme sont passé inaperçu. Il faut croire que seul un ton agressif permet de te faire réagir. J’imagine que ça te permettra de prétendre que “les dévs, ils sont tous agressifs” en oubliant tout ceux qui ne l’étaient pas. Rien de mieux que de mentir à soi-même pour se conforter dans ses opinions.
Si tu me tends la main et arrête d’essayer de me faire passer pour un imbécile comme tu l’as fait dans ta réponse, je changerais immédiatement de ton)
12 De Julien - 14/02/2017, 13:08
@Nico. mhhh… non.
13 De Lunar - 14/02/2017, 13:11
C’est compliqué cette histoire de « méritocratie dans le libre ». En tout cas, je trouve que le compte-rendu mélange deux aspects distincts :
1. Qui transforme une proposition de design en code ?
2. Qui décide d’intégrer le code qui résulte d’une proposition de designer ?
Pour le 1., un·e designer qui ne peut pas modifier elle-même le code aura effectivement besoin de trouver une personne de faire du code. Je reconnais qu’il y a ici un double travail : dans la majorité des projets de logiciel libre, les développeur·euse·s sont bénévoles, on ne peut donc pas les forcer à faire quelque chose, il faudra donc convaincre une ou plusieurs personnes de faire du code.
La situation est sûrement différente dans des projets avec des salarié·e·s, des postes attitrés et un fonctionnement hiérarchique. Mais j’ai du mal à appeler ça une méritocratie : un·e bénévole doit avant tout passer son temps sur ce qu’ille aime faire… sinon ça fait des aventures à durée de vie très limitée.
Pour améliorer la situation, ce serait bien d’arriver collectivement à réduire la quantité de travail nécessaire pour trouver un·e développeur·euse pour implémenter un design. Quelques idées en vrac (certaines sont déjà évoquées dans le compte-rendu) : améliorer la visibilité des designers, former d’avantage devs aux métiers de designers, mettre en place des positions de designers dans les organigrames des projets libres, aller chercher des étudiant·e·s en informatique ayant besoin de faire du code, mettre en place des « bounties » pour payer des développeur·euse·s afin qu’illes implémentent des designs…
Par ailleurs, je serais curieux de savoir comment ces questions sont gérées à l’intérieur de projets orientés mobiles, où j’ai l’impression qu’il y a une culture un peu plus forte du design. Mais peut-être je me trompe.
Pour le 2., on peut effectivement parler de méritocratie car la plupart des projets de logiciel libre n’ont pas vraiment un processus de partage du pouvoir en ce qui concerne la marche générale du projet. Ceci dit, dans la majorité des cas, c’est la personne qui se tape le boulot qui décide. Quand elle est bénévole, c’est encore une fois compliqué de faire autrement, à moins de forker.
J’ai pas de bonne réponse pour ça, à part continuer à travailler sur des changements culturels…Quand je vois la puissance du backlash par contre, c’est pas forcément gagnė
Ceci dit, dans le monde du libre, mon expérience c’est que celleux qui parlent le plus sont rarement les plus actives dans le développement (au sens large)…
14 De tetue - 15/02/2017, 15:54
On peut regretter qu’il n’y ait pas eu parité dev/designers, mais ça faisait déjà plaisir de voir qu’autant de designers (graphiques, UX, etc.) sont motivés par le libre, suffisamment pour se lever un dimanche et se rendre dans un hackerspace. Moi j’adore
Ceci répond à celleux qui se demandent où trouver des designers motivé·e·s par le libre : organisez des rencontres, débats… Bref, comme le conseillait déjà Tchou (suite au retour d’expérience Tails : http://romy.tetue.net/1111 ), allez payer un coup à un designer et parlez avec. Ça commence par là. Mais faut pas attendre un fork, une branche ou un PR : d’un, ça tombe pas du ciel par magie et de deux, ça marche pas comme ça.
Ça faisait aussi du bien, dimanche, de partager d’autres retours d’expérience et de se sentir moins seul·e, d’un coup, face aux difficultés rencontrées. Entre les trucs qui ont abouti, avec beaucoup de patience et de ténacité, ou pas, avec beaucoup de frustration et d’incompréhension… ça va décanter.
Ce qui fait plaisir, dans tout ça, c’est que le dialogue se noue. Reste à s’apprivoiser.